Curator: Shereen Suleiman & Fadi Toufiq
De nombreux artistes contemporains palestiniens sont parvenus à recréer à travers leurs œuvres un lien identitaire avec leur pays d’origine en réaffirmant leur existence et leur droit d’appartenir à cette terre. Le désir de donner un sens et une identité à l’espace provient de la nécessité d’employer des codes leur étant propres. Ces formes de résistance subversives à travers l’art leur permettent de communiquer sur la situation palestinienne à l’échelle globale et locale. La thématique de l’espace privé ou public, de son contrôle et de son appropriation sont les axes majeurs des œuvres présentées ici. Ces dernières proposent une vision imaginaire et politique créant des territoires artistiques intermédiaires redéfinissant l’espace palestinien. Peut-on cloisonner l’espace intime, existent-il des frontières artistiques ? L’idée de transgression et de franchissement des espaces contraints, la redéfinition des spatialités et des codes qui les composent par le biais « d’espaces en création » lieux de résistance active et de foisonnements artistiques sont constitutifs du travail de ces artistes.
La Palestine s’invite donc à l’IMA avec l’exposition des œuvres de Shadi al Zaqzouq, Khaled Jarrar, Larissa Sansour et Bashir Makhoul, des rencontres, des débats et une programmation cinéma en présence des réalisateurs en partenariat avec Festival Ciné-Palestine
C’est finalement dans la multiplicité et la mixité des regards et des médias que se dessine la richesse des créateurs de Palestine, comme si tous les possibles se devaient d’être convoqués pour parler d’un monde dont les repères, dont les frontières et dont la réalité échappent chaque jour un peu plus à ceux qui tentent de les raconter et de les cerner.
L’art contemporain palestinien a su au fil du temps trouver sa place sur la scène de l’art international où de nombreux artistes palestiniens ont réussi à recréer à travers leurs œuvres un lien identitaire avec leur pays d’origine. Le désir que peuvent ressentir ces artistes de donner un sens et une identité à l’espace vient de la nécessité d’employer des codes propres à eux, loin de toute association faite avec la maitrise de l’espace par l’occupant.
Depuis la Nakba en 1948 et la destruction de la plupart des villages palestiniens qui par conséquent a conduit à l’exode. Les palestiniens ont vu progressivement leur liberté de mouvement se restreindre et l’espace de leur mobilité se resserrer au gré de l’aménagement de nouvelles frontières territoriales, politiques, des lois militaires de plus en plus austères et un monitoring maîtrisé de leur corps et de leurs déplacements quotidiens. Face à l’occupation, à la privation de leur terre et à l’interdiction de retourner dans leur pays, les palestiniens sont sans cesse confrontés à devoir résister face à cette dure réalité et ce quotidien oppressant. D’autant plus qu’en 2002, le gouvernement israélien construit le « mur de l’apartheid», qui va entrainer la suffocation et l’emprisonnent de tout un peuple en resserrant les barrages militaires autour des villes palestiniennes en y enfermant ainsi efficacement les habitants.
La thématique de l’espace, de son contrôle et de son appropriation sont des axes majeurs que l’ont retrouvent fréquemment dans les œuvres produites par les artistes palestiniens. Ces œuvres mettent en relief la productivité à la fois imaginaire et politique des espaces intermédiaires de la liminalité et comment l’art palestinien contribue à redéfinir ce passage dans un espace politique multiscalaire et à démontrer comment l’amoncellement des règles contournées permet en définitive de participer à restituer l’espace palestinien. Les murs, qu’ils enserrent les prisons bloquent, tranchent et déchirent une société ; néanmoins les murs constituent aussi une surface plus ou moins vierge qui peut servir de support à l’expression, aux mots et aux couleurs. La fermeture du paysage provoque le désir irrésistible de voir a travers, de pénétrer de l’autre côté et de transformer ses lieux d’agressions, d’oppressions et de douleurs, en un immense «espace» d’expression et de liberté. Ainsi, les murs dans ce contexte deviennent les supports d'expressions diverses qui remettent en cause le support lui-même (le mur), ainsi que tout ce qu'il représente.
Curator: Shereen Suleiman & Fadi Toufiq
Bande annonce "Whole in the wall" de Khaled Jarrar
Bande Annonce "occupied otherwise" de Bashir makhoul
Bande annonce "Nation Estate" de Larissa Sansour
Paroles d'artistes - Présentation de Bashir Makhoul
Shereen Suleiman
Curator
shereensuleiman@gmail.com
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